mardi 6 juillet 2010

Le Tour après les classiques

Si seulement les secteurs pavés et les étapes casse-pates de type "classiques" pouvaient devenir des classiques du Tour de France! On ne comprend pas très bien (en fait pas du tout) la frilosité des organisateurs qui chaque année nous mettent une semaine d'étapes de plat qui n'ont strictement aucun intérêt, sauf pour les sprinters... et ceux qui aiment voir des français faire des échappées inutiles se faire reprendre à 5 kilomètres de l'arrivée.

Le parcours concocté cette année avec la reprise d'ascensions de la doyenne des classiques Liège-Batogne-Liège, puis l'ajout de secteurs pavés de Paris-Roubaix, a offert une course exceptionnelle. Elle aurait d'ailleurs pu l'être davantage si le peloton, sous l'influence (main-mise?) de Cancellara n'avait pas neutralisé la course lors de la traversée des Ardennes. Ce même Cancellara s'est moins senti obligé de ralentir le lendemain quand les coureurs présents dans le groupe de tête faisaient davantage son affaire (la veille, les frères Schleck étaient refoulés à l'arrière, le lendemain Andy paradait en tête). "L'éthique" (comme dit Bernard Vallet, le fameux consultant du Canal Évasion) de la veille n'avait plus rapport avec celle du lendemain. Les choses étaient pourtant équivalentes: sur une chute de nombreux favoris ont été bloqués et on perdu du temps. Un minimum de logique aurait voulu que la vérité de la veille soit la même que celle du lendemain. Mais il faut croire que j'ai du manquer un épisode! Bref, on se fout clairement de nous. Un jour on doit s'arrêter à cause des chutes, le lendemain, on a le droit de passer la cinquième comme si de rien n'était.

Cependant, quel spectacle tout de même! Cela vaut même mieux que des étapes de montagne dans lesquelles il ne se passe rien, où l'on attend. Attend qu'un favori veuille bien lancer une attaque. Qui parfois n'arrive pas. Et qui souvent donne simplement lieu à un cavalier seul. Rappelez-vous de Contador en 2009 par exemple. Bref, pourquoi le Tour est-il si conservateur dans son choix de tracé? Je suis originaire de Bretagne et je connais bien les routes. Je constate à chaque fois que le Tour évite les bosses, des cotes peut-être du niveau de celles des classiques. Du coup, les étapes sont ennuyeuses alors qu'elles pourraient être spectaculaires. Il me semble que dans le temps chaque étape pouvait donner lieu à une bagarre incroyable. On pouvait perdre le tour chaque jour. Les sprinters s'adaptaient très bien. Aujourd'hui, force est de constater que le Tour se joue sur quelques kilomètres. Contador a gagné en 2009 en attaquant 2 fois à quelques kilomètres seulement du sommet final. Il n'est resté en tête que quelques minutes. C'est tout de même dommage.

En fait, il y a sans doute de trop de montagne. Celle-ci est sélective, mais sans doute trop. Du coup il n'y a plus de course car les favoris attendent la fin de l'ultime montée pour produire leur effort. Il faut donc réduire la montagne et proposer aux coureurs des parcours qui permettent à la course de se décanter. S'il n'y a presque plus de juge de paix, des petits malins qui se faufilent dans des échappées pourront tenter de titiller le leader... et de faire le spectacle par la même occasion. La dernière fois qu'on l'a vu, c'était en 1995, avec Jalabert dans l'étape de Mende. Ca fait un bail!

Mais surprise: le Tour passe aussi par Mende cette année. Dans le même temps, les Alpes sont escamotées. Peut-on y voir un virage opéré par les organisateurs pour favoriser le spectacle? Sans doute. Et espérons qu'ils continuent dans cette voix. Mais il est vrai qu'après le Tour cadenassé à double de tour de l'an passé, ils n'avaient pas trop le choix.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire