jeudi 2 septembre 2010

Le décès de Laurent Fignon : une image du cyclisme des années 1980 nous quitte

Je n'étais pas fan de Fignon. Étant breton, je penchais naturellement pour Bernard Hinault. Puis plus tard pour Lemond, celui-ci paraissant bien sympathique et ayant été de surcroit le grand co-équipier d'Hinault.

Fignon m'a cependant fait découvrir le cyclisme et le Tour de France. Enfin presque. Mes premiers souvenirs remontent à la victoire de Pascal Simon dans le Tour 1983, que Fignon allait remporter. Et c'est cette image du grand blond à lunette avec son bandeau Renault que je conserverai gravé toute ma vie. Cet homme qui semblait avoir tant d'aisance quand les autres souffraient sur leur machine. Pour moi, Fignon c'est la jeunesse insolente. L'insolence dans ses propos peut-être, le bonhomme n'ayant pas sa langue dans sa poche, mais surtout cette insolente facilité. Ce panache extraordinaire. Notamment lors de ce Tour 1984 qui fut son chef d'oeuvre.

Quand je pense à Fignon je pense donc immédiatement au cyclisme des années 1980, ce cyclisme fait de panache, d'offensive, d'étapes de légende. Fignon, c'est donc une certaine idée du cyclisme, un cyclisme malheureusement disparu. Le dernier vainqueur du Tour qui m'ait fait rêver est Greg Lemond. Avant lui il y avait eu Roche, Hinault et Fignon (je n'ai jamais été un grand fan de Delgado). Tous ont marqué la légende du Tour. Roche lorsqu'il s'effondre à la fin d'une étape de montagne, épuisé après avoir limité au maximum l'écart sur Delgado dans le Tour 1987. Lemond lorsqu'il remporte le Tour pour 8 secondes... face à Fignon (1989). Hinault pour ses offensives, parfois (souvent) suicidaires (1984, 1985 et 1986). Fignon pour son Tour 1984 et son panache. Et il y a tellement d'autres moments exceptionnels que ces coureurs nous ont fait vivre...

Depuis cette époque, où chaque Tour quasiment en était un de légende, a succédé à partir de 1991 des Tours d'une platitude consternante. Indurain s'est contenté de remporter les contre-la-montre pour gagner 5 tours consécutivement. Armstrong n'a jamais attaqué avant la dernière ascension en 7 victoires. Idem pour Contador. Bref, le cyclisme aujourd'hui est devenu ennuyeux car les leaders ne se dévoilent presque plus. Tout est calculé. Les oreillettes finissent le travail.

Il est aussi intéressant de noter que ces courses soporifiques coïncident exactement avec l'arrivée de l'EPO dans le peloton. Thomas Davy, ancien équipier d'Indurain et convaincu de dopage à l'EPO, a eu beau clamer qu'il ne "faisait pas toutes les chambres", le doute concernant les victoires du champion espagnol est très vivace. Et que dire d'Armstrong? En fait, il semble que le dopage sanguin tue la course. Les coureurs n'ont plus de jour sans et grimpent les cols comme des robots. C'est laid, ridicule et terriblement ennuyeux à regarder. On se demande vraiment ce qu'attendent les autorités pour prendre les mesures qui s'imposent.

Bref, avec la mort de Laurent Fignon, c'est un cyclisme empreint de panache et offensif qui disparaît un peu plus. Fignon a au moins eu l'honnêteté de reconnaître qu'il s'était dopé. Hinault devrait en faire autant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire